21 rue des sources de Philippe Minyana

mémoire d’outre-tombe

21 rue des sources de Philippe Minyana

21 rue des sources, c’est l’adresse de la maison du grand-père de Philippe Minyana, le lieu souverain de son enfance en Franche-Comté. Comme le chantait Barbara : « Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs du temps béni de son enfance … », cela engendre des sentiments contradictoires à la fois heureux et douloureux mais c’est notre lot, notre condition de mortel d’éprouver le temps qui passe et nous dépouille peu à peu.
Deux revenants viennent hanter la maison de leur enfance. Ils nous emmènent mentalement (le plateau est nu) dans une visite guidée de la maison, chaque pièce étant l’occasion d’évoquer des scènes de la vie d’autrefois ; trois générations ont laissé ici les traces de leur passage. L’inventaire des vêtements d’une garde-robe révèle « 60 ans d’histoire du costume », quelques dialogues « pittoresques », une poignée d’effets comiques (le laurier qui traverse la scène, deux ou trois tours de magie étonnants, un pianiste talentueux¬- Nicolas Ducloux- qui aboie joliment) donnent un peu de piment à cette fantaisie d’outre-tombe. Vêtus de blancs comme il se doit, le visage est blanchi et les yeux soulignés d’un trait rouge évoque bizarrement des vampires. Lui, élégant, porte un costume chic ; elle n’est pas gâtée avec sa tenue de ballerine froissée par le temps, un bustier perlé d’un blanc sale mal ajusté sur une jupe sans forme. Laurent Charpentier, en clown blanc, s’emploie à amuser la galerie avec des mimiques et des poses maniérées auxquelles il ne croit pas lui-même, en complicité avec Catherine Matisse dont le jeu décalé, rappelle parfois les extravagances éthérées de Marilú Marini.
Craignant la banalité, voire l’impudeur, du premier degré, Minyana tente une mise en fiction distancée. Mais, le dramaturge, dont on connaît le talent, reste ici entre deux eaux, ni autobiographie ni fiction. 21 rue des sources aurait pu être le miroir du Je me souviens de Perec qui renvoyait à une mémoire collective à travers le filtre d’un point de vue personnel.

21 rue des sources texte et mise en scène de Philippe Minyana. Avec Laurent Charpentier, Catherine Matisse, Nicolas Ducloux. Costumes, Raoul Fernandez.
Magie, Benoît Dattez. Scénographie et lumières, Maryline Alasset. A Paris, théâtre du Rond-point, jusqu’au 1er décembre à 20h30. Durée : 1h15. Rosa : 01 44 95 98 21.
www.theatredurondpoint.fr

Texte aux éditions Actes-Sud

Photo Eric Didym

Tournée
Du 30 janvier 31 janvier 2020, La Comète, Châlons-en-Champagne (51)
Du 4 au 6 février 2020, CDN de Normandie, Caen (14)
Le 07 février 2020, Théâtre de Lisieux, Lisieux (14)
Du 04 au 06 mars 2020, Le Liberté, Toulon (83)
Le 02 avril 2020, Théâtre Jean Vilar, Saint-Quentin (02)

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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